Le troisième traité de la première partie discute les huit modes, notamment leur place dans la musique céleste. L'association de chacun des modes à une planète, probablement originale, est reprise dans Gafurius (1518). Les modes réapparaissent au chapitre II:i:2, dans le traitement de la composition polyphonique. Les cadences devraient se faire sur les notes extrêmes des espèces d'intervalles. Les modes du ténor et des voix contrapuntiques devraient être les mêmes (ou éventuellement complémentaires) [Wiering].
Le chapitre IV du premier traité de la première partie est consacré à la solmisation hexacordale guidonienne (p. 9-11). Au chapitre VII, Ramos critique vivement ce système « ridicule » (quod deridendum est, p. 16) et propose d'utiliser les syllabes psal-li-tur per vo-ces is-tas pour les notes de do à do (.c. à .c.). Il précise que, de la sorte, les demi-tons se situent, le premier, entre les deux syllabes qui contiennent la lettre r, tur et per, le second entre deux syllabes qui contiennent la lettre s, ces et is pour le demi-ton la-sib (.a.-.b.), is et tas pour si-do (.h.-.c.). On constate donc que la syllabe is représente le degré mobile .b./.h. (si bémol/si bécarre). (L'hypothèse selon laquelle is équivaudrait à .b. et tas à .h., les deux s du demi-ton .h.-.c. appartenant à tas et psal, est infirmée parce que Ramos parle du bisillabum .c. [scilicet] tas psal, p. 17). Ramos recommande de chanter ces syllabes en s'aidant du monocorde pour acquérir la justesse et la facilité (p. 17-19).
Il dénonce ensuite la difficulté de la musica ficta (Prima pars, tractatus secundus, chapitre II, p. 22-24), du système des coniunctae (c'est-à-dire des hexacordes, notamment les hexacordes transposés; chapitre III, p. 24-25) et de la doctrine des muances (chapitre IV, p. 25-27). Son système, dit-il, ne demande qu'une seule muance, sur .c. ou l'on passe de tas à psal ou réciproquement [la possibilité de pratiquer cette muance est très probablement la raison pour laquelle il a voulu huit syllabes plutôt que sept]. Il propose une nouvelle « Main » (avec un parcours différent de celui de Guido), dont les notes sont Γvo, Aces, Bis, Ctaspsal, Dli, Etur, Fper, Gvo, aces, etc., jusqu'à cctas. Le chapitre V est consacré à la « vraie doctrine des coniunctae » (rectum modum coniunctarum demonstrans) ; il indique qu'il suffit de transposer la Gamme d'un ton vers le bas et d'un ton vers le haut : c'est une doctrine traditionnelle de la musica ficta. Ceci s'applique sans doute aussi à sa nouvelle Main, bien qu'il ne l'affirme pas formellement.
La Musica practica a provoqué à l'époque de très vives controverses, portant entre autres sur la question de la solmisation : voir WOLF (1901).
NM