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Hucbald de Saint-Amand,
Musica, c900.


Éditions modernes : GS I, 103-122; PL CXXXII, 905-929.


La Musica d'Hucbald appartient à un groupe qui comprend en outre les traités Musica Enchiriadis, Scholia Enchiriadis et Alia musica, tous approximativement contemporains (et qui ont tous été attribués autrefois erronément à Hucbald). La relation chronologique entre ces traités ne peut être établie avec certitude ; celui d'Hucbald est considéré ici logiquement (sinon chronologiquement) antérieur aux autres, parce qu'il ne présuppose aucune notion contenue dans les autres, alors que l'inverse n'est pas vrai.

L'apport d'Hucbald est inestimable. Il réintroduit en Occident le concept de l'échelle musicale, pratiquement oublié depuis Boèce et qui permet de considérer que les mélodies sont formées d'une suite de hauteurs discrètes. Une de ces hauteurs constitue la finale, c'est-à-dire le point de référence de la mélodie. Ces notions demeurent encore relativement imprécises, mais elles n'existent d'aucune manière dans aucun traité antérieur concernant le chant ecclésiastique latin.

Hucbald décrit successivement les intervalles, l'échelle diatonique, sa construction en tétracordes : tétracordes des graves, des finales, des aiguës et des suraiguës, ainsi que des conjointes. Il indique que les degrés du tétracorde des finales « conviennent à parfaire » (perficiendis aptantur) les quatre modes, de sorte que chacun de ces degrés « régit » une paire de modes (authente et plagal), d'où vient qu'ils sont appelés « finales » , parce que « tout ce qui se chante y trouve sa fin » ; il ajoute qu'une affinité existe entre ces quatre degrés et les degrés correspondants des autres tétracordes.

La doctrine des finales modales et celle de l'affinité entre notes de même rang dans les tétracordes sont déterminantes pour la théorie modale du chant ecclésiastique. On les retrouve notamment dans le Dialogus du pseudo Odon de Cluny et le Micrologus de Gui d'Arezzo, qui permettent d'en saisir plus complètement la portée.


NM